Colloque Les écologies du numérique – 9 & 10 nov. 2017.
Ecole Supérieure d’Art et de Désign d’Orléans.
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« Ecologie post-muséale des oeuvres média-techniques » par Emmanuel Guez, 9 nov. 2017 à 12h30.
Résumé : Je développerai ici l’idée d’une écologie des appareils média-techniques en tant qu’archive. Je chercherai à déterminer s’il existe une biopolitique des machines. Celle-ci ne signifie pas seulement, avec Michel Foucault, un type de gouvernementalité impliquant une discipline des corps humains dont les machines seraient les dispositifs, mais aussi, selon une boucle récursive, une discipline des média eux-mêmes asservis au capitalisme. Dans l’écosystème des média ne survivent que les média opératoires qui contrôlent plus qu’ils n’émancipent. Cette biopolitique inversée se manifeste dans les pratiques de conservation-restauration des arts numériques (cf. les travaux du PAMAL, ESA Avignon). Il n’est pas rare de lire aujourd’hui qu’une œuvre numérique peut être toujours réinterprétée, c’est-à-dire actualisée. Les matériels et les langages anciens seraient bons à mettre au rebut, l’œuvre se définissant par son « idée ». En se basant sur sa « partition » ou la documentation, il est toujours possible de la rejouer, ou tout au moins de la faire fonctionner sur un ordinateur actuel, sous une forme ou sous une autre. De telles approches reviennent à nier les effets des média numériques en tant que machines d’écriture et de lecture du programme. Je me demanderai dans quelle mesure ces stratégies, qui cherchent à répondre à la question de « la vie et la mort » des œuvres d’art média-techniques, n’abordent pas l’archive comme le capitalisme actuel aborde toute existence : « Il faut que cela marche. »