Colloque « Architectures de Mémoire » – 16-18 novembre 2015
(Conférence, le Mercredi 18 novembre à 11h00)
Colloque organisé dans le cadre du Labex Arts-H2H, sous la direction de Jean-Marie Dallet (Université de Paris 8), et du NT2, sous la direction de Bertrand Gervais (UQAM).
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Archives nationales, Pierrefitte-sur-Seine
59 Rue Guynemer, 93383 Pierrefitte-sur-Seine.
Métro Saint-Denis – Université (ligne 13)
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Conférence d’Emmanuel Guez
Site : Archives Nationales
18 nov 2015 – 11h
Résumé : De même qu’il existe un art média-archéologique, nous défendons l’idée d’une préservation média-archéologique des œuvres d’art médiatique et numérique. Contrairement à d’autres « écoles » de préservation des arts numériques, l’approche média-archéologique invite à penser la lacune, la perte et le bug. Que nous apprend alors la lacune – ou l’impossibilité de dupliquer matériellement l’œuvre –, au-delà de l’obsolescence des machines industrielles, sinon une mutation de ce que appelons, provisoirement encore, « écosystème » médiatique. Il s’agit non pas de penser la lacune en creux en la niant, par l’émulation, la simulation ou la ré-interprétation (qui ont aussi leur légitimité), mais au contraire de la mettre en avant. Non pas d’enterrer l’œuvre dissoute dans ses matérialités et de la laisser à l’oubli – faute de mieux, mais de la montrer et la transmettre dans son « dysfonctionnement ». Comme telle, l’œuvre inopérante devient alors une archive. Ainsi l’œuvre meurt-elle pour renaître sous une autre forme tout aussi riche. Que nous apprennent ensuite la perte et la disparition des données des œuvres elles-mêmes, sinon qu’il existe une vie et une mort des machines médiatiques et de leurs « textes », dotées de temporalités propres, comprenant des phénomènes de nouvelles naissances (recyclage, réincarnation, métempsycose, palingénésie – le terme est à trouver). Enfin, la lacune et la perte ne sont-elles pas la manifestation de ce que nous appellerions « le bug originel » propre à tout système d’information. Mais, à son tour, que nous apprend le bug, cet impensé de l’histoire des ordinateurs, sinon l’idée qu’il existe un point de vue machinique, recoupant l’idée d’une subjectivité computationnelle (intentionnelle ou non), faite de noise et de calcul. Temporalités, écosystèmes, matérialités, recyclabilités, computationnalités, cinq notions parcourues grâce à trois cas de préservation d’oeuvres d’art numériques et à deux œuvres, dont l’une réalisée spécialement par le collectif Scrumology Prod pour l’exposition « Une archéologie des média » (mai-juin 2015, Seconde nature, Aix-enProvence).
Cette conférence fait suite à celles prononcées à l’IMAL (nov. 2015) et à l’INHA (avril 2015).