Kostia est un texte écrit pour la pièce de théâtre de Vincent Roumagnac chambre(s) double(s) kostia#5_ (2007). Associé à la création en tant que dramaturge, au sens allemand du terme, j’ai écrit le texte en deux temps, comme matériau pour la pièce (2005-2006) et pendant sa création (2006-2007).
La pièce est une réécriture de La Mouette de Tchékhov à l’aune du monde de l’art contemporain et de Google. Treplev est un jeune vidéaste narcissique perdu entre l’imaginaire et le réel. Nina n’existe qu’en image et ne se définit que par l’image. Trigorine est une sorte de Nam June Paik et Arkadina une star people. Le degré d’existence scénique (et textuelle) des personnages est mesuré grâce au GoogleRank.
La pièce a été diffusée au théâtre de la Croix-Rousse à Lyon et au théâtre de Vénissieux. Avec : Gilles Chabrier, Muriel Coadou, Denis Lejeune, Nathalie Ortega, Vale Poher, Sophie Rodrigues, Anahit Simonian, Vincent Roumagnac.
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Extrait du texte (version 7 janvier 2007)
« Kostia : Ma mère à moi, elle me déteste. Ce que ma mère aime, c’est ce que nul ne peut nier, c’est le succès, c’est ce qu’elle aime par-dessus tout … Le succès dit le bien, dit le vrai, dit le juste, dit le beau, le succès fait l’œuvre … Une œuvre sans succès n’est pas une œuvre d’art. Vous me direz qu’il n’y a plus d’autres critères. Mais, moi, moi, je veux sortir du succès. Tu sais, toi, comment sortir du succès ? … Moins de mille pages dans Google et pour elle tu n’existes pas … « Arkadina », 37 000 pages Web … Big success … Existence totale … Tu vas voir qu’elle va encore se lamenter … À cause de la presse people, de ce qu’elle fait d’elle et de son couple. Ah oui, Boris Trigorine. 15 000 pages. L’échec. Il existe moins qu’elle, ce con … Elle aime la presse, elle l’adore, un papier et elle se sent exister. Une vraie jouissance de midinette. Vous avez vu le dernier article sur elle: « Le combat d’Irina Nikolaïevna» On la voit avec l’autre crétin donnant un chèque de 125 000 dollars pour le déminage du Cambodge ».
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